samedi 20 septembre 2008

Emile Littré - Anecdote 2


Derrière son air austère et ses journées quasiment entièrement dédiées à l'écriture de son dictionnaire, Emile Littré n'en restait pas moins un homme et savait le moment venu faire preuve d'un humour piquant. Dans l'anecdote suivante, son humour est certes teinté de syntaxe grammaticale !!
Lors d'un de ses rares moments de détente, Emile Littré profitait de l'absence de son épouse pour "fricoter" avec une bonne de la maison. De manière impromptue sa femme fait irruption dans la pièce où ils étaient et s'exclame :



  • "Je suis surprise !"

  • Emile Littré lui répond avec un aplomb certain et en profite pour lui donner une leçon de grammaire : "Non ma chère, je suis surpris, vous vous êtes étonnée !"

vendredi 19 septembre 2008

George Augustus Polgreen Bridgetower

George Augustus Polgreen Bridgetower est né en 1778 à Biala en Pologne (certaines biographies donnent comme date le 29 février 1780), soit quasiment 2 siècles avant la virtuose et surdouée métisse Philippa Schuyler et 33 ans après un autre virtuose et violoniste métis : le Chevalier Saint-George, notons également que George Bridgetower voit le jour l'année où Mozart arrive à Paris.

Son père était un prince Africain et sa mère une polonaise, nommée à Londres Mary Ann Bridgetower. Ils ont eu deux enfants George et son frère cadet Fredrick. Les deux enfants se sont révélés, surdoués, des prodiges de la musique et des virtuoses hors norme.

George, le plus doué, est dès ses 9 ans considéré en Angleterre comme un véritable prodige du violon, son frère Fredrick est lui violoncelliste. Il a d’ailleurs dès 1789 effectué une tournée européenne et a, à partir de ce moment là, jouit d’une très grande popularité et reçu de nombreuses distinctions honorifiques.

Très jeune, George Bridgetower s’est produit dans un concert à Bath en présence du Roi George III et de 550 invités. Le Roi et le public sont littéralement tombés sous le charme du talent du jeune Bridgetower. Ce mémorable concert a eu un tel succès que la presse a encensé le jeune prodige comme peu de musiciens l’ont été.

Le journal « The Bath Morning Post » du 8 décembre 1789 a publié l’article suivant (traduction probablement imparfaite) :

Le jeune prince africain, dont les talents musicaux ont été tant commémorés, a donné dimanche matin, le concert plus apprécié et le plus splendide que cette ville n’ai jamais eu l’occasion d’accueillir. Il y avait plus de 550 personnes, et elles ont été gratifiées de telles performances au violon que l'étonnement général s’est emparé de l’assistance, au fur et à mesure que joie se lisait sur le visage du jeune garçon. Son père était dans la galerie, et fut tellement ému par les applaudissements accordés à son fils, que les larmes de plaisir et de gratitude ont coulées à profusion sur son visage.

Le journal « The Bath Chronicle” du 3 décembre 1789 rapportait :

Les amateurs de la musique de cette ville ont profité samedi dans les nouvelles salles du plus merveilleux spectacle imaginable du Maître Bridgetower dont ’interprétation a été exquise, son touché et son interprétation au violon sont égales, peut-être supérieur, au meilleur professeur actuel ou de tous les temps. Ceux qui ont eu ce bonheur ont été ravis par les capacités étonnantes de cet enfant merveilleux – agé d’environ dix ans. Il est un mulâtre et fils d’un prince africain.


George a passé la plupart de sa vie en Angleterre. Il a joué durant 14 ans dans l’orchestre du Prince au Pavillon Royal à Londres et a dirigé le prestigieux : « Royal Philharmonic Society Orchestra ». Mais ce qui reste le plus célèbre de son œuvre et de son existence est son association avec Ludwig van Beethoven. Ils se sont rencontrés alors que George Bridgetower avait 23 ans et leur collaboration a été miraculeuse.

Ludwig van Beethoven qualifiait George Bridgetower de la manière suivante :

Un virtuose très compétant possédant une maîtrise totale / complète de son instrument !

Beethoven a même composé pour (et un peu avec) Bridgetower un morceau « sur-mesure pour le violoniste » : sa sonate numéro 9. Mais suite à une dispute, la sonate alla à Rodolphe Kreutzer, qui, ironie de l'histoire, refusa de jouer cette partition : La sonate Kreutzer. Au final, c'est Bridgetower qui assura la première du chef d’œuvre, avec Beethoven au piano, le 24 mai 1803.

Beethoven l’a dédicacée au prodige métis sous l’appellation : « Sonata mulattica composta per il mullato ». Une lettre de Beethoven à Bridgetower et une représentation miniature de Bridgetower ont été vendu 3.600 dollars chez Christie à Londres en 1973.

Bridgetower est décédé à Londres, le 20 février 1860. Pour de nombreux fans, il était et reste encore un violoniste polonais …

Source : Les métis célèbres, G. Bridgetower